Une récente étude publiée dans le British Journal of General Practice, et relayée ce 9 novembre 2022 dans le quotidien espagnol El Pais, revient sur l’importance de l’activité physique.
L’étude organisée par Gonzalo Grandes, chef de l’unité de recherche sur les soins primaires de Biscaye, avait pour objectif de déterminer si les patients physiquement inactifs en soins primaires, réduisent leur risque de mortalité en augmentant leur activité physique, même à faible dose.
Pour mesurer précisément les bénéfices de la prescription d’exercices comme médicament et voir à partir de quelles quantités les bénéfices sont observés, une équipe dirigée par l’Unité de recherche en soins primaires de Biscaye du Service de santé basque a suivi 3 357 patients inactifs pendant 15 ans dans 11 centres de soins primaires espagnols. Leurs résultats montrent que la mortalité de ceux qui ont atteint les recommandations minimales, de 150 minutes par semaine d’activité modérée ou 75 minutes d’activité vigoureuse, a été inférieure de près de 50 % à celle de ceux qui sont restés inactifs. De plus, 20 % des décès survenus dans le groupe observé au cours de l’étude, ne seraient pas survenus si tous les patients inactifs avaient respecté les recommandations.
Les patients physiquement inactifs en soins primaires ont réduit leur risque de mortalité en augmentant leur activité physique, même à des doses inférieures aux niveaux recommandés. Une plus grande réduction a été obtenue en respectant les recommandations d’activité physique ou en adoptant des niveaux d’activité physique supérieurs à ceux recommandés.
Les bienfaits de l’activité physique sont donc incontestables et d’anciennes études estiment que les taux de mortalité chez les personnes actives sont réduits de 30 à 60 % par rapport à ceux qui ne sont pas actifs. Malgré ces chiffres, on estime aujourd’hui que 27.5 % des adultes et 81% des adolescents ne respectent pas les recommandations minimales à savoir 150 minutes par semaine d’activité physique modérée ou de 75 minutes par semaine d’activité rigoureuse. Dans les pays les plus développés, plus de 40% de la population ne respectent pas les recommandations. Récemment, Nicolas Jean-Brehon dans son article « Une lecture politique de la marche à pied » alertait sur l’idée que l’homme marchait de moins en moins parce qu’il était de moins en moins sollicité pour cela. Il est donc évident que la promotion de l’activité est plus que jamais à défendre par le biais de la marche, la façon la plus naturelle de se déplacer et de faire de l’exercice.
Ce qui est peut-être plus important, en particulier pour les personnes qui ont passé jusqu’à 40 ans sans pratiquement faire d’exercice, c’est que les avantages de bouger, bien qu’ils soient plus importants lorsque vous dépassez les niveaux recommandés, commencent à apparaître avec de très petits changements, car en dessous des niveaux qui sont généralement considérées comme minimales pour profiter des bienfaits de l’exercice. Avec une augmentation de l’activité modérée de 50 minutes par semaine, une réduction de 31 % de la mortalité a été enregistrée.
Gonzalo Grandes, chef de l’unité de recherche sur les soins primaires de Biscaye : « Cette étude représente le type de patients que les médecins de soins primaires rencontrent dans leurs activités quotidiennes. L’un des doutes auxquels les professionnels de la santé sont confrontés lorsqu’ils voient des personnes avec des décennies d’inactivité, avec une forme physique très médiocre, obèses et souvent exposées à des maladies chroniques comme le diabète ou l’arthrose est de savoir s’il vaut la peine de recommander un plan d’activité physique et de trouver un moyen de les motiver. Ces résultats montrent que, même pour ces professionnels qui ont de nombreuses contraintes de temps et qui doivent établir des priorités, et pour ces patients, qui ont peut-être peu confiance en leur possibilité de changement, les résultats commencent à se voir avec très peu« .
La prochaine étape pour Grandes et les professionnels qui travaillent sur ces études était de développer des stratégies afin que les professionnels puissent proposer ce type d’intervention médicale par l’activité physique. « Nous voulons implanter l’activité physique comme thérapie standard pour les personnes atteintes de pathologies chroniques comme les maladies cardiovasculaires, le cancer ou le diabète, mais tout changement dans la pratique clinique a une énorme inertie. Il y a des professionnels qui n’ont pas la formation nécessaire pour faire un plan d’activité physique et il faudrait même réorganiser la promotion de la santé publique au sein des communautés ».
Tout cela nous prouve que l’avenir appartient à la marche 😉