
Après Julio Cezar Quintao, qui se prépare pour rallier Paris à St-Jean-Pied-de-Port, Pascal Auger, nous livre un deuxième article avec le cas d’Alain Fontes, parti à plusieurs reprises sur les Chemins de Compostelle.
Son premier Compostelle en 1995
« Le chemin, pour moi, c’est à chaque pas une vie différente. »
Vivant à Tuzaguet dans les Hautes-Pyrénées de la France, Alain Fontes est un policier à la retraite et un passionné des symboliques. Il s’est tout particulièrement intéressé au Chemin de Saint-Jacques. Il est un témoin de l’évolution de ce chemin qu’il a fait pour la première fois en 1995.
« J’ai commencé au centre de Paris dans le quartier de la Tour de Saint-Jacques. Je m’intéressais à tout ce qui était symbolique dans ce quartier. »
Tour St-Jacques
Alain débute sa carrière comme apprenti-instituteur puis il rentre dans la police. Il a un intérêt marqué pour l’aspect humain et la recherche. Il dirige divers services, participe à un audit national sur les besoins de changement de la police. Il met en place des actions de formation dont l’accueil des femmes battues au commissariat. Cet intérêt pour Saint-Jacques prend naissance lorsqu’il travaille à Paris et qu’à chaque jour, il voit la Tour St-Jacques. C’est avec d’autres passionnés qu’Alain discute de la vieille histoire de Paris et des Chemins de Saint-Jacques tout en partageant avec eux une bonne table. Dès l’âge de 25 ans, il se promet de faire ce chemin.
«J’avais déjà ça en tête à ce moment-là. J’avais aussi en tête toute une symbolique qui n’a pas arrêté de me poursuivre. »
Son premier chemin
C’est 25 ans plus tard qu’Alain entreprend le Chemin de Saint-Jacques en partant de Puy-en-Velay. Dans ces années-là, le chemin n’est pas tracé partout, est mal tracé ou pas pratiqué depuis longtemps. Il lui arrive même de se perdre. Mais cela ne le gêne pas puisque selon ses recherches, le Chemin est un espace où les gens vont à Compostelle mais à 20 km près. Les pèlerins ne passent pas tous au même endroit tout le temps car chacun a ses raisons particulières pour entreprendre ce périple soit pour honorer des saints, voir des reliques, réfléchir, expier ou se refaire une santé.
« Il y a une symbolique du Chemin de Saint-Jacques. C’est qu’on est sur la trace de quelque chose, sur la trace de quelqu’un. On n’est pas sur le chemin, on est sur des traces. »
17 ans plus tard
En 2012, Alain refait le Chemin de Saint-Jacques et réalise que l’aspect touristique s’est développé. Au lieu de croiser 4 ou 5 pèlerins sur son chemin, il peut en croiser 400 par jour. Cependant, les aubergistes ne prennent toujours pas de réservation, c’est au fur et à mesure de l’arrivée des pèlerins que ces derniers trouvent un gîte sauf pour les 150 derniers kilomètres. Cependant, tout comme en 1995, Alain croise des gens intéressants et revit ce sentiment de liberté totale puisqu’il voyage seul et par ce pèlerinage, il se crée une nouvelle vie.
« On quitte quelque chose. On le quitte tout seul. On ne sait pas du tout où on va aller, on va mourir à ce qu’on était et on va naître à ce qu’on va devenir. »
- Pascal Auger
- Journaliste/conférencier
- www.QuebecCompostelle.com