Florian Letourneau, l’Alsace en point de mire

Florian LetourneauFlorian Letourneau a remporté le 17 mars dernier les 24 Heures de Château-Thierry, après avoir remporté en février les 8 Heures de Charly. Des résultats prometteurs à quelques semaines du Paris-Alsace 2019, où il sera à n’en pas douter parmi les prétendants au podium, même si comme il le dit : « il y aura plus de concurrents pour la bagarre aux avant-postes« . Je vous invite à le retrouver aujourd’hui sur Culture Marche, pour évoquer sa dernière victoire, son parcours, mais aussi le grand objectif de la saison : Paris-Alsace, la plus longue marche athlétique au monde.

Florian Letourneau, vous avez signé votre première victoire sur une épreuve de 24 Heures dimanche dernier à l’occasion des 24 Heures de Château-Thierry. Une épreuve à domicile. Je suppose que cette épreuve vous l’a vouliez depuis longtemps à votre palmarès. Que représente pour vous cette victoire ? C’est vrai que, depuis deux ans, j’ai le niveau pour gagner un circuit sélectif. Je suis toujours bien placé mais je n’arrivais pas à décrocher cette dernière marche. Cette année, je construis ma maison, mes plans ont donc été un peu modifiés par le manque d’entraînement. Il était donc nécessaire d’enchaîner les 24h de Bourges et 3 semaines après celui de Château-Thierry. A Château, le kilométrage n’était pas le plus important, mais plutôt de faire du kilométrage en étant très régulier. La victoire était un plus.

En février dernier vous avez également remporté les 8 heures de Charly. La forme semble être bien présente cette saison. Y’a t’il une explication à cet état de forme si tôt dans la saison ? Je ne pense pas être plus fort que les années précédentes, c’est plutôt dû à l’expérience que j’ai pu acquérir. A Charly, j’étais venu juste pour faire 8h à 9km/h de moyenne. J’étais bien et je fini 1er sans vouloir cette victoire à tout prix. A Etampes, au mois de Novembre, épreuve de 8h également, là je voulais vraiment gagner avec un gros kilométrage. Je venais de perdre ma maman la semaine d’avant. De plus, Etampes était le village où j’ai grandi et où mon père réside encore. Je gagne avec 75km500 en 7h47.

Florian Letourneau et Maxime Faiteau (Crédit photo : Jacques Bosserelle)
Florian Letourneau et Maxime Faiteau (Crédit photo : Jacques Bosserelle)

Peut-on revenir sur votre parcours, pour comprendre ce qui vous a amené vers la marche de grand fond ? J’ai commencé la marche aux 8 Heures d’Etampes sur Marne, mon village. Avec l’école, on avait participé aux distances pour les enfants. En marchant, Philippe Morel, grand marcheur de grand fond m’avait vu marcher, il habitait à l’époque dans le même village que moi. Il m’a demandé si j’étais intéressé car je marchais bien. J’ai tout de suite dit oui. J’ai ensuite été entraîné par Guy Legrand, mon beau père. J’ai donc suivi des entraînements très régulier, avec une super complicité. Je me suis qualifié 3 mois après à mon premier Championnat de France, où je termine 12ème chez les cadets. Ensuite, cela s’est enchaîné par plusieurs médailles sur différents championnats dans les catégories jeunes, j’ai également réalisé les minima pour les Championnats d’Europe Junior en 44’27 au 10 km. Je suis après passé sur le 20 km, où j’ai réalisé 1h30’18 à Lugano en Suisse sur le meeting Européen. Après, j’ai décidé de passer sur le 50 km. J’ai réalisé 4h18 à Dudince en Slovaquie. Ensuite, j’ai eu un accident de travail, je suis tombé d’un faux plafond, je me suis tassé quelques vertèbres, et c’est devenu compliqué de marcher vite sans douleurs. Etant donné que ma saison était finie, j’ai décidé de faire des choses différentes pour moi à l’époque. J’ai participé aux 8 Heures de Charly avec, à ma grande surprise une 3ème place avec 73 km et j’avais pris tellement de plaisir ! Ensuite, 5 semaines après, j’ai eu les 24 Heures de Château-Thierry où je termine également 3ème avec 187 km. Qualifié pour le Paris Colmar, chose que je rêvais depuis tout petit, l’histoire était partie.

La marche c’est beaucoup d’heures d’entraînement. Combien de kilomètres parcourez-vous chaque semaine ? Je ne suis pas un fou de l’entraînement et puis de toute façon je n’ai pas le temps de faire plus. Quand j’ai quitté la vitesse, j’étais habitué à faire entre 150 et 200 km par semaine. En commençant le grand fond j’ai cru qu’il fallait en faire autant, sauf que ça n’a pas fonctionné comme je le voulais. Je suis plus prêt des 80 km maintenant.

Faîtes vous d’autres sports ? Quand je trouve le temps, j’aime bien compléter la marche par le ski à roulettes et pour me renforcer j’aime faire du bois en forêt plutôt que de pousser de la fonte.

LetourneauLa ville de Château-Thierry est très présente quand on évoque la marche de grand fond, à cause du Paris-Alsace notamment, qui y passe chaque année mais aussi avec ses champions, vous et Cédric Varain par exemple. Comment expliquez-vous cet intérêt pour la marche de grand fond dans la région ? Il y a très peu d’épreuves en France. Sur 20 km à la ronde, 3 épreuves de grand fond existe, cela aide à trouver des jeunes recrues et puis on à tous été plus ou moins soutenu par un grand champion de l’époque, comme moi avec Philippe Morel.

Est-il facile de marcher en ville ou en campagne ? Trouvez vous des routes ou chemins pour vraiment prendre du plaisir à vous entraîner, et en toute sécurité ? L’hiver je m’entraîne plus en ville du fait de l’éclairage. Aux beaux jours je suis plus en campagne, mais c’est vrai que les gens roulent vite, à moi d’être aussi vigilant.

(Crédit photo : Patmomo)
(Crédit photo : Patmomo)

Le Paris-Alsace 2019 approche à grand pas. Serez-vous de la partie ? Oui bien sûr, c’est mon objectif et l’épreuve que je préfère.

Vous avez déjà terminé deuxième de l’épreuve. Quel sera votre objectif ? Pour l’objectif c’est toujours de mettre le moins de temps possible pour combler la distance. La place va souvent avec.  57h serait le temps que je pense réaliser. Cela fait deux ans que je me bats avec Dimitri, tout les ans un peu plus longtemps. Cette année il y aura plus de concurrents pour la bagarre aux avant-postes.

Comment expliquez-vous le succès des russes sur ce genre d’épreuve, avec Tatiana Malova et Dmitry Osipov qui ont remporté le Paris-Alsace à de nombreuses reprises et encore l’an dernier ? Avant d’être Russe, c’est déjà de vrais athlètes de haut niveau, qui on toujours pratiqué le sport de haut niveau. Leur culture et leurs mentalité les aides à réussir je pense. C’est une épreuve qui coûte chère en logistique, en plus de leur voyage. Ils se doivent de réussir pour rentrer dans leurs frais.

Quelles sont vos relations avec Dmitry Osipov ? Pouvez vous nous présenter un peu ce personnage qui est vraiment une légende de la marche de grand fond… Dimitry est un mec génial, toujours souriant et très disponible. Un vrai Champion avec une grande classe, J’ai beaucoup de respect pour lui. Il est un exemple !!! Il a une force mentale impressionnante. Je me souviens l’année dernière notre bagarre a duré environ 300 km. A chaque fois que je gagnais du temps sur lui, il répondait tout le temps, comme ci il jouait avec moi. il m’a usé mentalement.

Savez-vous s’il sera au départ du prochain Paris Alsace ? Oui il est déjà inscrit !!! Et je me réjouis d’avance, peu importe qui gagne la course, c’est encore plus intéressant de gagné quand tout le monde est là.

Je suppose que sur ce genre d’épreuve, comme sur un 24 heures ou même un 8 heures comme à Charly, il y a des moments de fatigue, de doutes, et surtout de lassitude. Comment gérez-vous tout cela ? Quand on est marcheur de grand fond, on sait qu’on va passer par beaucoup de moments difficiles. A nous de gérer au mieux pour que ça dure le moins longtemps possible. Chacun son truc !!! J’aime discuter avec les gens qui m’entoure pour m’échapper de la course dans ces moments.

Je vous remercie pour cet entretien ! Que peut-on vous souhaiter ? Que la marche de grand fond dure encore longtemps, pour que je puisse encore vivre des moments forts sur la route avec mon équipe et ma famille.

Florian Letourneau

 

 

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