Retrouver son sens

Le journaliste et conférencier québécois, Pascal Auger, nous livre un nouveau récit avec le cas de Jérôme Bibeau, qui met parfaitement l’importance de la marche : « La marche est un médicament merveilleux« .
Retrouver son sens
« La marche est le meilleur anti-dépresseur »
Jérôme Bibeau est un policier enquêteur spécialisé dans les scènes de crime qui, suite à une vie effrénée, se voit imposer une pause. Il s’apprête à réaliser un rêve qu’il convoite depuis un certain temps. Dans quelques heures, il va vivre le summum de sa guérison en parcourant le Camino Francés de St-Jean-Pied-de-Port.
« Je prends pas de pause, on est tout le temps le gaz dans le fond accoté. À un moment donné, la machine peut bien lâcher. »
Le mur
Policier depuis 18 ans, Jérôme est marié et père de 3 enfants. Comme plusieurs d’entre nous, il n’a pas le temps de s’occuper de lui. Il vit dans l’abondance et puis, un jour, son corps ne suit plus. Il consulte et apprend qu’il vit un stress post-traumatique par surexposition à des scènes de violence.
Jérôme a eu de la difficulté à se l’admettre, parce qu’instinctivement il pense que c’est un signe de faiblesse. Aujourd’hui, il est conscient qu’il y a aucune faiblesse d’aller demander de l’aide, de le dire quand ça ne va pas dans sa vie. C’est à la maison de thérapie La Vigile qu’il entreprend sa démarche de guérison et un des exercices qu’elle favorise est la marche deux fois par jour. Jérôme y intègre une technique qu’il a apprise à l’école de police, il commente son environnement.
« Quand je marche, je commente qu’est-ce que je vois, je commente qu’est-ce que je ressens sur moi (température, odeurs). Cela me permet vraiment de m’ancrer dans le moment présent et ça me fait un bien fou. »
Tout est éphémère
On vit tous des stress, de la pression mais, on oublie que ces moments difficiles de la vie sont temporaires et qu’on peut s’en sortir si on en parle. Selon Jérôme, il faut avoir une discussion honnête avec soi-même, avec les amis, avec sa conjointe et il ne faut pas avoir peur de ses émotions.
Aujourd’hui, Jérôme a incorporé la marche dans sa vie quotidienne. Même s’il est toujours en arrêt de travail, Jérôme n’a plus ce rythme de vie qui l’empêche de prendre des pauses. Il prend le temps de prendre le temps. Jérôme préfère s’occuper de lui-même et des siens plutôt que de ses bébelles matérielles.
« Il faut prendre une pause à un moment donné. Il faut se le permettre puis il faut se la donner cette pause-là et ce, dans n’importe quel milieu de travail. »
Compostelle
C’est à La Vigile que Jérôme entend parler du Camino Francés et c’est cette année qu’il décide de le faire. Pour lui, c’est un défi physique et un défi spirituel. Il a des choses à réfléchir, des choses à laisser sur ce chemin ainsi que des décisions à prendre. Pour lui, ce pèlerinage est un point tournant pour ses prochaines années. Jérôme n’attend rien du chemin; il veut juste le vivre, l’accueillir.
« La marche est un médicament merveilleux. Puis, la marche de longue durée des grandes randonnées, c’est encore mieux. »
- Pascal Auger
- Journaliste/conférencier
- www.QuebecCompostelle.com