
Pascal Auger, journaliste, conférencier et coordinateur du « Chemin du Québec » nous propose depuis quelques temps des articles à partager sur culturemarche.com. C’est le cas aujourd’hui avec « Marcher Compostelle en temps de Covid« .
Marcher Compostelle en temps de COVID : « L’acceptation, ça c’est la grande leçon de mon chemin ». On peut toujours trouver une excuse pour ne pas passer à l’action.
Malgré la COVID et l’incertitude des frontières, Yahn-Loù Renard a décidé de partir le 15 juin 2020 de chez lui dans la vallée de Viroin en Belgique pour se rendre au Puy en Velay. Il commence son aventure dès le lendemain par la Voie du Puy et le Camino Francés incluant la boucle de Finisterre pour terminer à Muxia près de 3 mois plus tard le 9 septembre.
Connaissant Compostelle depuis à peine 3 ans, il désirait partir dès mars 2020, mais la COVID a retardé son aventure, un appel du chemin qu’il avait pourtant grandement besoin.
« Je pourrais maintenant mourir demain, j’ai déjà vécu trois vies en une. Plus jeune j’ai beaucoup démangé. J’étais amoureux de l’art, de la musique et de la magie. À l’adolescence j’étais rebelle mais gentil quand même…lol… J’ai été musicien pendant une dizaine d’années. J’ai aussi travaillé dans des usines puis j’ai fait une formation d’éducateur spécialisé ce qui m’a emmené à travailler une dizaine d’années avec des personnes adultes handicapées. Et ensuite je me suis lancé dans le spectacle pour enfants… et c’est maintenant mon métier depuis une dizaine d’années. »
20% de marcheurs pour 80% d’hébergements
Au départ il connaissait Compostelle comme étant le lieu où l’on marchait pour des raisons religieuses, mais il s’est aperçu que c’est aussi une autre expérience.
Avant de partir il craignait d’avoir de la difficulté à trouver des hébergements et se demandait comment tout ça allait se passer, mais en bout de ligne, il n’a eu aucun souci. Comme quoi on s’imagine toujours le pire. Tout le long de son chemin il a constaté l’application de règles sanitaires strictes mais qui ne l’ont pas empêché de vivre son chemin ; masque obligatoire, désinfection du matériel et parfois du corps au complet et même à certains endroits prise de la température.
Sur le 1600 km parcouru, il n’a rencontré personne qui était atteint ou même qui avait les symptômes de COVID. Il s’est donc toujours senti en sécurité. Un chemin qu’il a vécu très différemment des pèlerins des années précédentes puisqu’on lui disait qu’il y avait à peine 20% de marcheurs pour 80% d’hébergements disponibles. D’ailleurs à son départ du Puy le 16 juin, ils étaient 45 alors qu’habituellement ils sont facilement 500. Rendu à Saria en Espagne, il a vu le nombre bondir, mais c’était encore à peine 20% des années précédentes.
J’amène vos rêves au bout du monde
Ce périple était aussi un projet important pour lui titré « J’amène vos rêves au bout du monde » puisqu’il amenait avec lui les rêves de son cercle d’amis et parfois même d’inconnus de l’internet car cette marche a pris une expansion virale. C’est pourquoi il sentait une certaine pression de réussir l’aventure qui s’est somme toute bien passée avec de belles leçons.
« L’acceptation, ça c’est la grande leçon de mon chemin. D’apprendre à accepter qu’on ne puisse pas tout contrôler. L’acceptation en gros c’est le lâcher prise… c’est ce dont j’avais besoin et ce que j’ai encore de besoin d’ailleurs puisque le travail du chemin agit encore en moi. Ça été mon plus beau cadeau. Toutes ces leçons et ces rencontres que l’on fait sur le chemin, c’est juste magique et magnifique. Il y a une humanité incroyable et une générosité merveilleuse. »
En 2021, Yahn-Loù prévoit de repartir sur un autre chemin et souhaite un jour venir marcher sur le Chemin du Québec.