Pascal Auger, québecois, journaliste et conférencier, auteur du site quebeccompostelle.com partage aujourd’hui sur culturemarche.com, cette belle histoire concernant Marie-Françoise Français, une femme qui ne manque pas de caractère….Ce qui l’a sans doute aidé à réaliser un bien bel exploit !

Marie-Françoise Français de Millau, près de Montpellier en France, a mis un peu plus de deux mois pour franchir les 1500 km vers Compostelle en partant du Puy.

Dès le premier jour elle a failli abandonner se traitant même de vieille prétentieuse de prétendre pouvoir faire ce chemin légendaire. C’est après avoir fait un appel à une amie qu’elle a décidé de poursuivre son chemin. Cette première journée a été difficile à conjuguer avec la chaleur et la réalité de son âge. Mais comme elle s’estime têtue, sa détermination lui a fait vivre une grande aventure laquelle elle n’a aucun regret.

« Je suis née dans une grande famille. Ma maman a eu 14 enfants : 10 filles et 4 garçons. Tout tournait autour de la religion chez nous. Alors inutile de te dire que quand on baigne dans la religion, après il y a une petite overdose de la religion. Ça n’empêche pas qu’on a quand même des valeurs. Je n’ai pas fait d’études parce que mon père était professeur agrégé de grammaire.  Quand on est 14 enfants c’est difficile de faire sa place dans une famille, et moi ma place dans la famille a toujours été d’être opposée à tout ce que les autres faisaient. C’est-à-dire, on faisait du latin, moi je n’en faisais pas. On faisait des mots croisés, moi je n’en faisais pas. Donc peut-être que j’étais un petit peu rebelle…lol… »

Aucune crainte

Elle qui fut comptable une grande partie de sa vie, maintenant elle comptait une moyenne de 20 km par jour pour réaliser ses 1500 km du 20 août au 29 octobre 2020. Elle y pensait depuis plusieurs années. Le récit d’un membre de sa famille en 2003 sur Compostelle, lui trottait aussi en tête. Mais il y a longtemps qu’elle avait fait une longue rando.

« J’ai marché avec mes amis pendant une semaine, de Bordeaux à Saint-Jean-Pied-de-Port, et c’est là que j’ai compris que je pouvais faire le chemin (de Compostelle) et que je me suis décidée. Je me suis dit qu’à 80 ans c’était le moment ou jamais. Faut pas rêver non plus…lol…  je devais me préparer. Donc j’ai préparé ce chemin et je suis partie vraiment sans à priori, sans avoir peur même si les gens me disaient « tu pars toute seule, tu n’as pas peur ? » Non je n’ai jamais eu peur.  J’ai l’habitude de marcher toute seule puisque mon mari était l’inverse de ce que je suis. C’est-à-dire autant je suis sportive, lui il ne l’était pas du tout. Il était casanier…lol… Mais il me laissait cette liberté de faire ce que je voulais. Et donc j’ai beaucoup marché seule comme ça, à la journée. La dernière fois que j’ai marché 10 jours de suite c’est il y a 40 ans. »

Le moment présent

Elle qui rêvait d’être portraitiste dans sa vie, elle a su mettre plein d’images dans sa tête durant plus de deux mois. C’était un grand bonheur pour elle d’être en symbiose avec la terre et de voir comment les paysans l’ont embellie mais comment les grandes villes la maltraitent.

Consciente qu’elle devait voyager plus léger,  elle a dû abandonner du bagage à deux reprises.  Elle ne souhaitait  pas être trop préparée. Vivre le moment présent était d’une importance capitale pour elle.

« Je n’ai jamais réservé de gîtes, aussi je n’ai jamais regardé s’il y avait du dénivelé. Je me laissais porter par le chemin. Pour moi c’était important, je ne voulais pas que ce soit tout organisé.  C’était important. »

Mais aussi la boule Finisterre

Rejointe par ses amis à O Cobreiro pour les deniers jours, ils se sont trompés et ont dû faire une journée de 34 km. Mais ça n’a aucunement terni son voyage, elle qui considère ne jamais avoir souffert.

Santiago (comme pour l’auteur de ces lignes) n’était pas sa destination finale. Elle a poursuivi son chemin à pied vers Muxia et Finisterre (fin de la terre) pour ainsi mettre les pieds dans la mer comme les pèlerins d’antan.

« Ce que je retiens c’est ce grand privilège. Tous les jours je me suis dit : mais mon dieu, quelle chance j’ai de pouvoir faire ce chemin à mon âge.   Ça, tous les jours je l’ai ressenti. Après, ce sont toutes les rencontres formidables que j’ai faites. J’aime bien écouter les autres. Même si j’ai marché seule, le soir lorsqu’on se retrouvait c’était magique. C’était extraordinaire. J’ai vraiment de la chance. J’apprécie la chance que j’ai. »

Pascal Auger, Journaliste/conférencier QuebecCompostelle.com

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